Le modèle économique et les vecteurs de l’investissement dans le capital naturel ont évolué.

Points clés

  • Il est désormais incontestable qu’il est possible de déployer des fonds considérables pour financer des projets d’utilisation durable des terres sur les marchés émergents. Les flux importants de capitaux privés investis dans les solutions relatives au capital naturel prouvent qu’il s’agit d’un champ d’investissement dont l’impact sur le terrain est bien réel.1
  • Les flux de capitaux destinés à une utilisation durable des sols devraient augmenter rapidement dans la mesure où les contraintes juridiques et réglementaires qui pèsent sur les chaînes d’approvisionnement internationales accroissent la demande de denrées alimentaires et de matériaux produits de manière durable.
  • L’objectif de Mirova est de soutenir des projets en Amérique latine, en Afrique et en Asie, qui favorisent l’agroforesterie et l’agriculture régénérative, restaurent les terres et améliorent les conditions des communautés locales, tout en générant des performances attrayantes pour les investisseurs.
L’investissement dans le capital naturel a définitivement dépassé le stade de la démonstration de faisabilité et est en passe de devenir une composante courante des portefeuilles.

Les choses ont beaucoup changé en peu de temps. Les raisons d’investir davantage dans une utilisation durable des terres sont de plus en plus évidentes et l’adoption du cadre mondial pour la biodiversité lors de la COP15 des Nations unies sur la biodiversité2 en décembre 2022 a changé la donne de manière décisive. Les modèles économiques utilisés pour tirer parti de ces catalyseurs sont eux aussi de plus en plus clairs.

En bref, les investisseurs sont de plus en plus conscients que le thème du capital naturel devrait reproduire la trajectoire suivie par les énergies renouvelables, avec, d’une part, un environnement réglementaire favorable et, d’autre part, le développement d’un véritable secteur économique engagé dans la restauration du capital naturel.

Pour Gautier Quéru, Managing Director chez Mirova, une société affiliée de Natixis Investment Managers : « Ce secteur est en pleine expansion. Chez Mirova, nous disposons désormais non seulement d’une longue et solide expérience, mais aussi d’une vision précise de la manière dont il convient d’investir dans le capital naturel.

Avec une proposition d’investissement sérieuse et une évolution rapide dans la bonne direction, le secteur du capital naturel est à présent appelé à prendre de l’ampleur. »

Les catalyseurs du marché évoluent

Il est largement admis que le capital naturel souffre de surexploitation et de sous-investissement à cause d’activités telles que le surpâturage, la monoculture à court terme, la déforestation et l’industrialisation.3

Des investissements plus responsables et une meilleure gestion du capital naturel pourraient permettre de relever quatre défis majeurs.

Le premier est la demande de bois. Les matériaux de construction tels que le béton et l’acier, ainsi que le plastique, sont de plus en plus remplacés par le bois et les produits à base de fibres de bois afin de réduire l’empreinte carbone du secteur de la construction et d’autres secteurs industriels. Pour permettre une telle substitution, il est nécessaire d’augmenter la production et la transformation du bois sans provoquer une nouvelle déforestation. Concrètement, la couverture forestière doit être augmentée.

Le second est la sécurité alimentaire. Le défi est de réussir à faire plus et mieux, tout en utilisant moins de terres, pour nourrir une population mondiale qui ne cesse de croître et qui devrait atteindre les 10 milliards d’habitants.

Le troisième est l’atténuation du changement climatique et la réduction des émissions grâce au reboisement et à la restauration des terres.

Le quatrième est la préservation et la restauration de la biodiversité. Cette question a pris une ampleur considérable après l’adoption d’un cadre mondial pour la biodiversité lors de la COP15 qui s’est tenue à Montréal à la fin de l’année 2022. Le principal résultat de la COP15 a été la mise en place de mesures concrètes pour stopper et inverser le déclin de la nature, notamment en plaçant 30 % de la planète sous protection et 30 % des écosystèmes dégradés sous restauration d’ici à 2030.

Les importateurs de denrées alimentaires et de matériaux du monde entier sont désormais de plus en plus tenus de démontrer que leur approvisionnement est durable et n’est pas lié à des pratiques préjudiciables telles que la déforestation ou le travail des enfants.

Certains pays ont d’ailleurs déjà inscrit la durabilité des terres dans leur législation. Et en avril 2023, le Parlement européen a adopté le « Règlement sur les produits non issus de la déforestation »4 qui exige des entreprises qu’elles procèdent à une vérification préalable de l’origine d’un large éventail de matières premières, notamment le bétail, le cacao, le café, l’huile de palme, le caoutchouc, le soja et le bois.

« Selon nous, les flux de capitaux destinés à une utilisation durable des sols augmenteront rapidement, car compte tenu des contraintes qui pèsent sur les acheteurs finaux, la demande de matériaux durables sera élevée », déclare Gautier Quéru.

Comment investir dans l’utilisation durable des sols ?

Investir dans l’utilisation durable des sols implique de se concentrer sur des investissements à long terme dans des projets de restauration des sols. Ces projets peuvent avoir des effets sociétaux positifs tels que l’intégration des petits exploitants et des communautés locales.

Mirova fournit des financements à long terme, en fonds propres ou en dette, à des projets d’utilisation durable des terres et à des entreprises dans trois sous-secteurs (forêts plantées, agroforesterie et agriculture régénérative) qui soutiendront la production certifiée de denrées alimentaires et de fibres.

Mirova cherche à produire des effets positifs sur l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à celui-ci, la protection de la biodiversité, l’intégration des communautés et l’égalité entre les hommes et les femmes.

Elle investit principalement dans les pays en développement, avec des projets en cours en Afrique, en Asie et en Amérique latine, mais elle a également l’intention d’entreprendre des projets dans les pays développés, y compris en Europe, en particulier lorsque les entrepreneurs proposent des modèles d’entreprise attrayants.

Une approche holistique peut créer plus de valeur

L’expérience de Mirova en matière de gestion du capital naturel a précisé sa compréhension de la création de valeur dans ce secteur.

Pour Gautier Quéru, « Il existe trois types de stratégies liées au capital naturel sur les marchés non cotés : (i) les terrains forestiers ou agricoles classiques, (ii) la finance carbone plus innovante et, entre les deux, (iii) l’utilisation durable des terres. Nous avons choisi de nous positionner fermement dans la stratégie d’utilisation durable des terres parce qu’elle offre un équilibre entre la valeur et l’impact ».

Une stratégie typique sur les terres boisées et les terres agricoles consiste avant tout à financer l’acquisition de terres, et la valeur est obtenue grâce à l’augmentation de la productivité des cultures ou du bois, ce qui se traduit par une appréciation de la terre. Cette approche en matière de capital naturel peut être considérée comme peu risquée, mais aussi parfois comme ayant peu de valeur et d’impact.

À l’opposé, une stratégie axée exclusivement sur la protection et la régénération de la nature se base sur la valeur des crédits carbone (et peut-être bientôt des certificats de biodiversité). Elle ne repose sur aucune activité productive et ne fait l’objet d’aucune demande réelle de la part de l’économie réelle. Il s’agit donc d’une stratégie à fort impact, mais aussi à haut risque d’un point de vue financier, car les performances sont fortement corrélées à la volatilité du marché du carbone.

Entre les deux, on retrouve l’utilisation durable des terres, une approche plus diversifiée et plus globale. « Nous privilégions cette approche parce que nous pouvons financer la production et la transformation d’aliments et de fibres sans nécessairement acquérir de terres », explique Gautier Quéru. « Elle présente les multiples avantages d’être plus agile et d’avoir plus d’impact ».

L’utilisation durable des terres ne consiste pas seulement à planter, mais aussi à transformer la production primaire en ajoutant des unités de transformation afin d’augmenter la valeur en amont. Les unités de transformation peuvent transformer la production des petits exploitants, mais aussi des cultures en dehors de la zone immédiate, ce qui renforce la résilience du projet. Outre la plantation et la transformation, le fait de financer les démarches de certification (biologique, commerce équitable, Rainforest Alliance, etc.) permet d’accroître encore la valeur du produit.

Le résultat souhaité est la création de systèmes de production et d’entreprises sociales innovantes qui peuvent améliorer et soutenir des communautés entières en commercialisant leurs produits sur les marchés locaux, régionaux et internationaux.

L’investissement dans le capital naturel dans les faits

Il est désormais incontestable qu’il est possible de déployer des fonds considérables pour financer des projets d’utilisation durable des terres.5

« Nous trouvons des projets sur le terrain en Amérique latine, en Afrique et en Asie où nous avons restauré des terres dégradées et généré des performances à deux chiffres », déclare Gautier Quéru.6

Les projets les plus courants concernent la production et la transformation du cacao, du café, des fruits à coque, d’autres fruits, du bois, ainsi que des ingrédients pour le secteur pharmaceutique.

Mirova a investi, par exemple, dans Miro Forestry, une société forestière d’Afrique de l’Ouest. Grâce à ce financement, Miro Forestry a pu restaurer des terres dégradées, étendre la superficie de ses plantations et mettre en place de nouvelles installations de production de contreplaqué et de poteaux.

Miro Forestry a planté des dizaines de milliers d’hectares d’arbres certifiés FSC au Ghana et en Sierra Leone. Le projet devrait permettre de séquestrer environ 10 millions de tonnes de CO2 au cours de la prochaine décennie et de créer plus de 2 000 emplois au Ghana et en Sierra Leone.

Une autre entreprise dans laquelle Mirova a investi est Kennemer Food, aux Philippines. Cet investissement permet à Kennemer de mettre en œuvre des pratiques agroforestières durables et d’accroître sa capacité de production dans les secteurs du cacao et des fruits aux Philippines, en partenariat avec plus de 19 000 producteurs indépendants.

Le mode opératoire de Kennemer consiste à passer des contrats avec des cultivateurs sous-traitants qui acceptent de fournir l’entreprise en échange d’un prix garanti. Kennemer fournit aux petits exploitants du matériel de plantation de haute qualité, des technologies et une formation aux bonnes pratiques de culture du cacao, une assistance post-récolte et un accès facilité au financement.

« Notre investissement permet à Kennemer de se développer en élargissant son programme destiné aux petits producteurs, en mettant en œuvre des initiatives qui favorisent les pratiques d’agriculture régénératrice, en développant ses capacités en matière de microfinance et en soutenant le déploiement d’un ambitieux programme carbone », souligne Gautier Quéru.

« Kennemer est également sur le point d’être certifiée en tant que premier projet de crédit carbone aux Philippines ».

Un seul projet peut générer de multiples impacts

L’un des avantages de l’approche à valeur ajoutée de Mirova en matière d’investissement dans le capital naturel est qu’elle répond aux besoins de nombreux types d’investisseurs à impact.

Après avoir pris la décision de réaliser des investissements à impact, les investisseurs peuvent se concentrer sur un sous-ensemble restreint. Il peut s’agir de la réduction des émissions de carbone, de la création d’emplois, de la protection de la biodiversité, de l’inclusion sociale, etc.

« Ce que nous apprécions dans la diversité de nos projets, c’est que la plupart couvrent un grand nombre d’impacts », explique Gautier Quéru. « Que les investisseurs s’adressent à nous pour des projets d’atténuation du changement climatique, de conservation des forêts ou de changement sociétal, nous pouvons généralement leur proposer quelque chose qui réponde à leurs besoins et, surtout, qui ait un impact réellement élevé. »

La plupart des projets reposent sur le financement de dettes à long terme, mais quelques-uns proposent des prises de participation. Ces dernières ne sont utilisées que lorsqu’il existe une voie de sortie claire et que le profil de risque est équilibré.

Au niveau du portefeuille, les performances visées sont à deux chiffres et sont principalement tirées des instruments de dette, qui comprennent souvent une composante de participation aux bénéfices ou un apport en fonds propres, ce qui rend la stratégie similaire aux approches de dette mezzanine.

L’heure est venue de passer à l’échelle supérieure

Pour ouvrir la voie à davantage d’investissements, Mirova a mis au point une structure dite de « financement mixte », en vertu de laquelle l’argent public sert à réduire les risques ou à financer les « premières pertes », afin d’encourager le secteur privé à mobiliser davantage de capitaux. Le modèle de partenariat public-privé, qui a fait ses preuves dans tant d’autres domaines, fonctionne parfaitement dans le cadre de l’investissement dans l’utilisation durable des sols.7

Le pouvoir du financement mixte est tel que les craintes que ce capital naturel soit une stratégie à haut risque se sont dissipées et qu’à l’avenir, il est probable qu’il y ait plus de capitaux privés et moins de capitaux publics.

« Nous ne sommes pas encore tout à fait prêts à passer à la commercialisation, mais nous n’en sommes plus très loin », note Gautier Quéru.

Mirova se prépare à gérer plus de capitaux dans ce secteur et ne cesse d’agrandir son équipe en y intégrant de nouvelles ressources, notamment en assurant une présence locale en Asie, en Amérique latine et en Afrique.

« Les mécanismes de financement mixte sont désormais bien rodés et, avec le soutien constant du secteur public, davantage de capitaux privés devraient être mobilisés et les stratégies de capital naturel vont pouvoir se développer », déclare Gautier Quéru. « Cette étape est nécessaire à la création d’une utilisation durable des terres ».

En tant que telle, elle devrait suivre un chemin similaire à celui des énergies renouvelables, qui ont également transformé la demande dans un domaine critique et occupent désormais une place de choix dans de nombreux portefeuilles institutionnels.


Publié en octobre 2023.
1 Source: Preqin, Global Natural Resources Report 2023: as of Q1 2022, 208+bn AUM have been invested in Nature Resources.
2 Source: https://www.cbd.int/article/cop15-cbd-press-release-final-19dec2022
3 Source: United Nations, 2023: A total of two billion hectares of land are degraded worldwide and through exploitative production, human activities continue to degrade another 12 million hectares of productive land every year.
4 https://environment.ec.europa.eu/topics/forests/deforestation/regulation-deforestation-free-products_en
5 Source: "Shifting finance towards sustainable land use", Climate Focus 2021.
6 Source: Mirova, 2023.
7 Source: FInancing sutainable land use for people and planet, UNEP 2019

Mirova
Mirova est un affilié de Natixis Investment Managers.
Société de gestion de portefeuille - Société Anonyme
RCS Paris n°394 648 216 - Agrément AMF n° GP 02-014
59, Avenue Pierre Mendes France – 75013 - Paris
www.mirova.com

Natixis Investment Managers
Société anonyme
RCS Paris 453 952 681
43, Avenue Pierre Mendes France – 75013 – Paris
www.im.natixis.com

Ce document est uniquement publié à titre d'information et est destiné aux prestataires de services d'investissement ou autres Clients professionnels. Les analyses et les opinions formulées aux présentes représentent les opinions subjectives de leurs auteurs respectifs, à la date indiquée, et sont susceptibles d'être modifiées. Rien ne garantit que la situation évoluera comme le prévoit ce document.

Copyright © 2023 Natixis Investment Managers S.A. – Tous droits réservés