Les pays émergents offrent aux investisseurs obligataires l’opportunité de réduire le risque de leur portefeuille sans sacrifier la performance.
L’onde de choc sur les marchés financiers provoquée par les annonces tarifaires de Donald Trump en avril dernier n’a pas frappé les pays émergents avec la même intensité que les pays développés. Séparant le grain de l’ivraie, les investisseurs ont peut-être été rassurés par leur niveau d’endettement plus faible que celui des pays développés ainsi que par leur orthodoxie monétaire et budgétaire.
Par ailleurs, leur notation moyenne Investment Grade contraste avec les niveaux de dette et de déficits publics inédits de certains pays du G7, sanctionnés tant par les marchés que par les agences de notation. Confiantes dans leur solvabilité et saluant leurs efforts de désendettement, ces dernières ont procédé à davantage de rehaussements que de dégradations de notations des pays émergents ces deux dernières années.
Tout investisseur obligataire en quête de rendement et avec un appétit modéré pour le risque devrait considérer la dette émergente pour trois raisons.
1. Un poids croissant dans l’économie mondiale
Tout d’abord, les perspectives de croissance dans les pays émergents sont supérieures à celles des pays développés1. La mondialisation a modifié depuis plusieurs décennies les rapports de force économiques entre les pays développés et les pays émergents.
De plus en plus intégrés dans les marchés mondiaux et les chaînes d’approvisionnement, ces derniers, portés notamment par la Chine, seconde économie mondiale, et l’Inde, représentent un poids croissant dans le PIB mondial. Si on ne peut pas pour l’instant parler de découplage, on constate toutefois chez les pays émergents une poursuite de la recherche d’émancipation économique et financière par rapport aux pays développés. L’intensification des transactions commerciales et des investissements directs étrangers au sein du bloc des pays émergents y contribue.
2. Un rendement attractif, un risque bien rémunéré
Par ailleurs, la dette émergente court terme présente un couple rendement/risque attractif et durable, comme l’atteste la comparaison sur une période longue de la performance de ce segment obligataire avec celle d’un actif risqué.
Sur une période de 18 ans (janvier 2007-septembre 2025), un indice dette émergente 1-5 ans non couvert en EUR affiche une performance annualisée comparable, légèrement supérieure, à celle d’un indice US high yield (5,42% vs 5.03%), avec un risque annualisé moindre (8.61% vs 9.58%) et surtout une perte maximale presque trois fois plus faible (-12.21% vs -34.88%)1.
Le risque pris par le créancier d’un acteur émergent à court terme est donc bien rémunéré. « La dette émergente court terme n’est pas appréciée à sa juste valeur », estime Narimane Agha, Director Investment Advisory chez Natixis IM Client Solutions Group.