La chute de l’inflation globale au cours du dernier trimestre de 2023 avait conduit de nombreux acteurs du marché à anticiper une baisse des taux par les banques centrales dès le premier trimestre de 2024. Ces attentes ne se sont pas concrétisées en raison de la nature persistante de l’inflation sous-jacente et, plus spécifiquement, de l’inflation dans le secteur des services, qui ne s’est pas affaiblie.
Pendant ce temps, un risque géopolitique accru a augmenté la volatilité et, en même temps, auquel est venu se greffer la prise de conscience que la déglobalisation et la transition énergétique seront à la fois compliquées et coûteuses. Dans cet environnement, avec des niveaux de risque et une incertitude des investisseurs élevés, la diversification reste essentielle du point de vue de l’allocation d’actifs.
Au cours des 30 dernières années, suivre le marché obligataire s’est souvent avéré être une stratégie payante1. Cependant, le retour de l’inflation, la volatilité des taux et les incertitudes géopolitiques signifient que les marchés d’aujourd’hui exigent une approche plus active.
Les niveaux d’endettement inquiètent les investisseurs. Le FMI a averti que les déficits ont alimenté l’inflation et posent des « risques significatifs » pour l’économie mondiale2. Dans ce contexte, de nombreux pays devront marcher sur une corde raide, compte tenu de la forte détention de leur dette publique par des investisseurs étrangers, et toute erreur pourrait bientôt être sévèrement sanctionnée par les “gardiens de la dette” (bond vigilantes). La prépondérance de la question budgétaire signifie également probablement des taux plus élevés à long terme, alors que les investisseurs s’habituent à un nouveau paradigme de croissance plus forte tirée par la dépense budgétaire, d’incertitude économique et de taux « neutres » plus élevés.
De nombreux acteurs du marché n’ont jamais connu ce type de marché. En effet, l’un des principaux défis auxquels sont confrontés les investisseurs sur le marché actuel est leur manque de compréhension des obligations, des taux d’intérêt et de l’investissement obligataire. Notre enquête de 2023 auprès des investisseurs individuels a montré qu’alors que les taux augmentaient, seulement 2 % savaient ce que cela signifiait en termes d’impact pour les obligations3 –le prix baissait, tandis que le potentiel de revenu futur augmentait. Ce manque de connaissance, associé à une rémunération attractive des liquidités, a compliqué le retour des clients vers les obligations.
Dans d’autres recherches, parmi les 2 700 conseillers interrogés, 89 % ont déclaré que l’un de leurs principaux défis était d’augmenter les allocations obligataires dans les portefeuilles de leurs clients. Peut-être sans surprise, en tête de la liste des défis se trouve l’incertitude autour de la politique monétaire. Ce sentiment pourrait évoluer, alors que l’inflation revenant à des niveaux proches de leur niveau cible dans de nombreux pays a entraîné des baisses de taux, et d’autres pourraient suivre4.
À moyen et long terme, la flexibilité continuera d’être le mot d’ordre pour les investisseurs obligataires. La fréquence et le nombre de baisses de taux, dans un cycle qui a commencé en 2024, détermineront dans quelle mesure les investisseurs pourront tirer parti des taux en hausse et en baisse. En résumé, les points d’entrée comptent. S’ils sont trop chers, même de grandes idées peuvent s’avérer être de mauvais investissements.