Robert Shiller, professeur d’économie de grade académique « Sterling » à Yale, est intervenu le 12 novembre à l’occasion d’un événement organisé par Ossiam, affilié de Natixis Investment Managers, spécialisé dans la gestion quantitative. Le professeur Shiller s’est entretenu avec le docteur Christian Keller, responsable de la recherche économique chez Barclays, sur les questions macro-économiques qui déterminent les valorisations. L’événement a été organisé par Natixis Investment Managers dans son bureau de Londres et a réuni de nombreux journalistes et professionnels de la finance.

Cette importante session a porté sur des sujets aussi divers que l’impact du président Trump, les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine ou les répercussions de la politique monétaire de la BCE en Europe. Le dernier rebondissement dans le dossier du Brexit a inévitablement été mentionné une ou deux fois.

Le chroniqueur Bartleby pour The Economist, Philip Coggan, a présidé la séance. Il a donné le coup d’envoi des débats en demandant à M. Shiller ce que le ratio cours/bénéfices corrigé des variations cycliques (CAPE) pouvait nous apprendre sur les valorisations actuelles, et comment ces dernières se situaient par rapport aux cours des actions à divers moments de l’histoire.

Hausse et baisse

Le ratio CAPE de Shiller – qui peut généralement être appliqué à de larges indices actions pour évaluer si le marché est sous-évalué ou surévalué – a atteint 32 fois le bénéfice moyen sur 10 ans en septembre. La dernière fois qu’il a atteint un tel niveau, c’était en juin 2001, après avoir culminé à près de 45 au milieu de l’année 2000, au moment même où la bulle Internet était sur le point d’éclater.

En utilisant la théorie selon laquelle de faibles ratios CAPE indiquent généralement des performances futures élevées, tandis que des ratios élevés sont le signe d’une contraction généralisée, certains commentateurs en sont venus à considérer le ratio CAPE de Shiller comme un signal utile pour anticiper les points d’inflexion du marché.

Mais ce n’est pas tout à fait exact, selon Robert Shiller, qui a co-créé le ratio qui porte son nom. En effet, il a tenu à minimiser les précédents d’un autre krach boursier en se basant sur un ratio CAPE élevé, soulignant qu’il était depuis retombé à moins de 30 et qu’il était susceptible de baisser davantage.

« Il n’est pas désastreux, ni annonciateur d’un krach » a-t-il affirmé. « Il indique simplement que les bénéfices ne sont pas aussi élevés aux États-Unis... et il reviendra graduellement à un niveau plus faible, comme il l’a déjà fait par le passé ».

Crainte du ratio CAPE ?

En faisant référence au lien qui a été établi entre les valorisations actuelles et la croissance des bénéfices pour expliquer un ratio cours/bénéfice plus élevé, Robert Shiller a déclaré à l’auditoire : « Je suis sceptique puisque j’ai examiné l’historique des bénéfices et qu’il est irrégulier. Nous connaissons depuis quelque temps un pic de croissance lié notamment à la réforme fiscale de Donald Trump.

« Mais ce sont des aspects qui fluctuent dans le temps... ceux qui considèrent que les valorisations devraient actuellement être à des niveaux extrêmement élevés en raison de la croissance récente des bénéfices ont tout simplement la mémoire courte ».

Selon Robert Shiller, il est quasiment impossible de prévoir l’orientation du marché sur de courtes périodes étant donné qu’il est conditionné par un récit prédominant. « Depuis les années 1920 jusqu’à la Grande Dépression, ces récits ont toujours été les moteurs des marchés », a-t-il indiqué.

Il a ensuite estimé que le discours actuel avait été récupéré avec succès par Donald Trump, « quoi qu’on pense de lui ». Ce mode narratif en tant que moteur des marchés fait l’objet du prochain livre de Robert Shiller, « Narrative Economics ».

Il a utilisé l’exemple de son étude sur le prix des maisons aux États-Unis pour illustrer son propos - thème qu’il examine dans son livre précédent, le best-seller du New York Times « Irrational Exuberance ». « Nous traversons actuellement l’une des trois grandes bulles de l’immobilier », a-t-il affirmé - les deux autres ayant eu lieu entre 1997 et 2006, période qui a précédé la crise financière mondiale, et entre 1943 et 1951, période caractérisée par la génération des « baby boomers ».

Dans ces conditions, qu’est-ce qui conditionne la période actuelle de prix élevés des logements ? Selon Robert Shiller, « ce ne sont pas les coûts de construction ni les taux d’intérêt. Ce n’est pas non plus la croissance de la population... Ce n’est pas exclusivement Donald Trump, puisque que la plupart du boom actuel lui est antérieur... À ce stade c’est la dimension narrative qui encourage les prix élevés ».

Et combien de temps cela va-t-il durer ? « Voilà la vraie question », plaisanta-t-il. 

 


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