Entretien avec Cyril Marie, CFO, Head of Strategy & Corporate Development de Natixis Investment Managers, sur les spécificités et les forces de son modèle multi-affiliés et sur les acquisitions récentes.

Points clés

  • La gestion d’actifs se polarise autour de deux modèles : la gestion indicielle d’un côté et la gestion active de l’autre. Natixis Investment Managers a fait le choix de la gestion active et de la génération d'alpha pour ses clients.
  • Le modèle multi-affiliés de Natixis Investment Managers permet aux équipes de gestion de se focaliser sur ce qu'elles font le mieux : concevoir des stratégies d'investissement performantes et gérer les portefeuilles de leurs clients. Et il préserve la dynamique entrepreneuriale de ces équipes avec un alignement sur le long terme.
  • Natixis Investment Managers a récemment renforcé son offre dans les actions Growth et les actifs réels et a engagé un projet de partenariat industriel entre Ostrum Asset Management et la Banque Postale Asset Management.
Le 30 janvier 2020 s’est tenu le rendez-vous des Perspectives 2020 en France, auquel ont participé près de 1000 clients de Natixis Investment Managers. A cette occasion, Cyril Marie, CFO, Head of Strategy & Corporate Development de Natixis Investment Managers, a été interviewé par Estelle Castres, co-directeur de la plateforme de distribution Western Europe, en charge de la France, du Benelux, de Genève, Monaco & Israël. Découvrez les coulisses de la gestion active.

Le modèle multi-affilié de Natixis Investment Managers est quasi inédit sur le marché. Quelle est la conviction derrière le modèle ? Le choix de ce modèle est parti d'une analyse objective de notre industrie et du rôle que nous voulions y jouer.

Comme beaucoup d'autres industries matures, la gestion d'actifs se polarise autour de deux modèles. D'un côté, des activités où les commissions de gestion rapportées aux encours gérés sont faibles et où les questions d'échelle et de taille de la structure sont essentielles. C'est la raison pour laquelle on observe le rapprochement de certains acteurs et une accélération de ce phénomène de concentration. Cela concerne essentiellement la gestion passive dite « indicielle » mais aussi la gestion monétaire par exemple.

De l'autre côté du spectre, il y a la gestion active, basée sur des analyses, des convictions et des processus complexes. Elle est plus coûteuse pour les clients mais elle offre des perspectives de performance plus élevée. Cette gestion active est contrainte en termes de capacités.

Il ne faut toutefois pas opposer ces deux pans de notre industrie : ces deux types de gestion sont nécessaires pour la construction de portefeuille des investisseurs. En ce qui nous concerne, nous avons résolument fait le choix de la gestion active et de la génération d'alpha pour nos clients. Le seul critère qui vaille pour un investisseur, et donc pour les régulateurs, c'est « value for money ».

En tant qu'asset manager, le vrai risque, c'est de rester bloqué au milieu du gué avec des produits chers et qui ne délivrent pas la promesse faite au client. En Europe, certains croient échapper à cette évolution avec l'acquisition de réseaux de distribution captifs, mais c'est une stratégie de court terme.

Le modèle de gestion active est plus exigeant, n'est-ce pas ?
Miser sur la gestion active, c'est faire le choix de la performance et donc des talents. Notre industrie est très transparente ; la qualité via la performance de nos produits est accessible par tous, chaque jour. Il faut pouvoir attirer les meilleurs talents et les retenir en leur offrant les conditions les plus favorables pour déployer leurs convictions et leurs expertises.

Notre modèle multi-affiliés permet deux choses. Il permet, tout d'abord, aux équipes de gestion de se focaliser sur ce qu'elles font le mieux : concevoir des stratégies d'investissement performantes et gérer les portefeuilles de leurs clients. Et il préserve la dynamique entrepreneuriale de ces équipes avec un alignement sur le long terme.

Aujourd'hui, beaucoup essaient de s'engager sur cette voie mais la route est longue et il ne suffit pas d'avoir les ressources financières nécessaires.

Le modèle multi-affiliés vient des États-Unis où l'industrie de la gestion d'actifs est très mature. Ce pays représente 50 % du marché mondial et nous y sommes présents depuis 20 ans. Nous avons ensuite développé ce modèle en Europe et nous le déployons aujourd'hui en Asie Pacifique.

Année après année, nous avons développé une proposition de valeur qui nous permet d'être compétitifs pour attirer les équipes sans avoir pour autant à payer des multiples exorbitants. Car être actionnaire ne suffit pas !

Lors du premier entretien avec une équipe nous résumons notre proposition de valeur autour de 5 piliers :

  1. Nous leur garantissons l'indépendance dans leur stratégie de gestion : ce point est clé.
  2. Nos intérêts sont alignés sur le long terme : notre réussite va de pair avec la leur.
  3. Nous offrons la force de frappe d'une plateforme de distribution mondiale et celle d'une équipe de solutions et de construction de portefeuilles de grande qualité.
  4. Nous apportons du capital d'amorçage pour soutenir leur dynamique entrepreneuriale et l'innovation
  5. Nous amenons également un niveau de supervision supplémentaire qui nous permet de faire converger l'ensemble de nos affiliés sur les mêmes standards.
Natixis Investment Managers, ce sont 4 000 collaborateurs : 3 000 au sein de nos affiliés et 1 000 au niveau de ce que nous appelons « la Fédération ». Ces 1 000 collaborateurs délivrent la proposition de valeur décrite plus haut, c'est notre barrière à l'entrée. Ces collaborateurs fournissent des services de distribution, de marketing, de solutions, de structuration, d'opérations sur les fonds, et supervisent ces différentes équipes de gestion. Cette proposition de valeur, ce sont 20 ans d'investissements continus.

Il y a d'autres asset managers qui s'appuient sur un modèle multi affiliés mais aucun n'a un positionnement aussi global que Natixis Investment Managers avec 23 affiliés, une telle proposition de valeur et plus de 900 Md€ d'encours.

Attention, cela ne veut pas dire que le modèle est figé. En réalité, il s'ajuste en permanence en fonction des demandes des clients, de l'évolution de l'environnement ou de la réglementation. Nous avons créé une plateforme de solutions, nous sommes en train de consolider notre filière de contrôle des risques et notre gouvernance avec une charte dédiée, et nous renforçons notre positionnement dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Vos équipes sont régulièrement sollicitées pour de nouveaux partenariats avec des gestionnaires d'actifs de taille variable. Quelle logique suivez-vous ? Quelle est votre vision de la consolidation de l'industrie ?
Nous avons des échanges avec de nombreuses équipes qui souhaitent tenter l'aventure avec nous : certaines sont déjà dans l'entreprise et sont attirées par l'aventure entrepreneuriale, d'autres viennent de l'externe.

Nous avons une gestion active de notre portefeuille d'affiliés :

  1. Nous évitons le chevauchement ou la redondance dans nos produits : il s'agit à la fois d'une question de confiance avec les équipes de gestion et de cohérence de notre offre.
  2. Nous ne souhaitons pas nécessairement augmenter le nombre de nos affiliés, mais disposer de sociétés avec une taille critique sur leur secteur et de vraies franchises sur des thèmes clés : taux, actions, immobilier, global macro, etc.
  3. Nous orientons le portefeuille vers les nouvelles demandes des clients.
Par ailleurs, lorsque nous réfléchissons à l'acquisition de nouvelles boutiques, nous sommes extrêmement sélectifs : nous vérifions d'abord la compatibilité de nos approches d'un point de vue stratégique et culturel, nous évaluons la soutenabilité de la performance et la vision long terme de l'équipe que nous envisageons d'intégrer.

Pouvez-vous nous éclairer sur les dernières acquisitions ou participations ?
Je mentionnerai deux thèmes qui ont motivé nos démarches récentes :

  1. La volonté de diversifier notre offre actions vers des expertises plus growth. Pour mémoire, cette stratégie consiste à sélectionner des valeurs relativement chères mais dont, d'une part, les fondamentaux économiques sont solides et qui, d'autre part, ont les meilleures perspectives de croissance sur les années à venir.

    En 2019, nous avons pris une participation minoritaire dans WCM Investment Management, une société de gestion américaine basée en Californie reconnue pour ses fonds actions à faible rotation et à forte génération d'alpha. Avec WCM, nous avons renforcé notre offre actions globales, marchés émergents et US.

    En 2019, nous avons également accueilli l'une des meilleures équipes sur l'approche thématique. Cette équipe a créé sa structure, sa marque « Thematics Asset management » et compte désormais parmi nos affiliés les plus prometteurs. Ils gèrent aujourd'hui plus de 600 M€ et leur fonds d’Intelligence Artificielle vient d'être sélectionné dans le cadre du plan TIBI sur le financement des entreprises technologiques françaises.
  2. Les actifs réels. Avec 8 affiliés et 75 Md€ d'encours, nous disposons aujourd'hui d'une gamme permettant de répondre à la demande de diversification croissante de nos clients : private equity, infrastructures, dettes privées... Parmi les gestionnaires d'actifs généralistes, nous comptons parmi les leaders.
C'est dans cette perspective que MV Credit, un spécialiste de la dette Privée Corporate basé à Londres, nous a rejoint en 2018 et que Vauban Infrastructure Partners, notre dernier né sur le marché des infrastructures, a vu le jour.

Pouvez-vous nous dire un mot sur le projet de rapprochement entre Ostrum Asset Management et La Banque Postale Asset Management?
C’est un très beau projet avec l’ambition de créer un leader européen en gestion obligataire et assurantielle avec près de 500 milliards d’euros d’encours. Et c’est un projet parfaitement cohérent avec la structure du marché décrite précédemment : sur la gestion obligataire et assurantielle, les effets taille et efficacité opérationnelle sont essentiels pour rester compétitifs.

C’est d’abord un très beau succès pour les équipes d’Ostrum dont les expertises de gestion et la qualité de leur plateforme de gestion IT et opérationnelle ont convaincu La Banque Postale Asset Management. C’est un projet de rapprochement résolument offensif avec pour objectif de créer une plateforme aux meilleurs standards de la place, ouverte à tous les gestionnaires d’actifs servant des clients assureurs.

Dans un contexte de taux durablement bas, c’est un projet innovant et extrêmement positif, pour les deux entités.
Entretien réalisé le 30 janvier 2020.

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