La détérioration des océans devient un débat mondial. Dans une session de questions/réponses, Simon Dent et David Barley de Mirova Natural Capital, un affilié de Natixis Investment Managers, nous expliquent comment les investisseurs peuvent contribuer à préserver la biodiversité des océans et à créer des emplois dans le domaine maritime sans sacrifier la performance.

Points clés:

  • Les ressources marines sont valorisées autour de 3 000 milliards de dollars, pourtant les dommages causés aux océans atteignent des sommets.
  • Les stratégies d’investissement thématiques ‘Océans’ concernent notamment la pêche durable, la préservation des espèces menacées et le tourisme maritime, la gestion des déchets plastiques et la conservation du littoral.
  • Les résultats environnementaux positifs et les performances de marché attrayantes ne sont pas incompatibles : pour cela, il faut que les projets apportent la preuve de leur performance financière et de bénéfices environnementaux quantifiés.
  • Pour les investisseurs institutionnels qui disposent d’un horizon à long terme, les stratégies d’océans durables sont conçues pour générer des performances semblables à des stratégies de private equity axées sur des entreprises en croissance.
Q. Pourquoi les océans sont-ils importants ?

R. La santé des océans est peu prise en compte. C’est curieux, alors que les océans couvrent environ les trois quarts de notre planète et concentrent 97 % de la totalité de l’eau sur Terre. Les océans sont cruciaux pour l’atmosphère, puisqu’ils produisent plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons et absorbent environ un quart de nos émissions de CO2.

Les océans sont essentiels à notre subsistance. Les ressources maritimes sont valorisées autour de 3 000 milliards de dollars et 350 millions d’emplois sont directement liés aux activités océaniques dans le monde. La pêche est particulièrement importante dans les pays en développement : 90 % des personnes dont les moyens de subsistance dépendent de la pêche vivent dans des pays émergents. Il y a ensuite le tourisme maritime qui représente 9,8 % du PIB mondial et emploie 277 millions de personnes.

Vous comprenez donc pourquoi il est étonnant que la préservation durable des océans ne reçoive pas plus d’attention.

Q. Qu’est-ce qui ne va pas avec les océans ?

R. L’accent mis en ce moment sur la pollution par les déchets plastiques n’est que la partie émergée de l’iceberg; les actifs océaniques se dégradent partout. Environ 90 % des réserves de pêche mondiales sont maintenant entièrement exploitées ou surexploitées. Plus de la moitié des récifs coralliens sont morts ou mourants, victimes de l’augmentation des températures liées au changement climatique et de la pollution provenant de l’agriculture intensive et des canalisations urbaines. Et oui, les plastiques, dont la plupart proviennent des activités terrestres, sont présents partout dans les océans, et mettent en danger les espèces marines.

Selon nous, les dommages causés aux océans approchent des sommets. Malheureusement, peu de mesures sont prises pour résoudre ce problème. Contrairement à ce qui a été fait sur terre, où de nombreux parcs nationaux ont été créés, le concept de conservation existe à peine en mer. Les océans apparaissent comme un actif fortement sous-évalué au regard des efforts déployés pour la conservation des forêts et autre capital naturel terrestre.

Q. Est-il trop tard pour restaurer la santé des océans ?

R. Absolument pas. La plupart des études universitaires montrent qu’une gestion des ressources basique peut rapidement donner des résultats. Avec des pratiques durables, les stocks de homards, par exemple, peuvent s’accroître notablement en 24 mois. Reconstituer les stocks d’espèces migratrices telles que le thon peut être beaucoup plus long : cela peut prendre entre cinq et dix ans. Mais l’important, c’est qu’il est encore possible de changer positivement les choses.

Notre stratégie d’investissement vise à améliorer la durabilité dans trois domaines clés :

  • Des produits de la mer durables : investissements en capital et en ressources techniques destinés à favoriser la mise en œuvre des meilleures pratiques dans l’aquaculture, et dans des entreprises de pêche d’espèces sauvages qui peuvent être certifiées comme durables et avoir accès aux marchés mondiaux à forte valeur ajoutée. Des investissements peuvent être réalisés dans le secteur des produits de la mer et dans la chaîne d’approvisionnement, pour améliorer son efficacité et sa durabilité, depuis la ressource jusqu’au point de vente.
  • Économie circulaire : investissements dans des infrastructures côtières et des projets commerciaux pour créer de la valeur à partir des déchets et de la pollution, et recycler des produits de manière à ce qu’ils ne causent pas de dommages aux océans. Cette stratégie concerne en particulier les déchets plastiques et le traitement des eaux usées.
  • Conservation des océans : investissements dans la protection et la gestion du littoral afin d’améliorer la biodiversité et la résilience des communautés côtières, et de créer des opportunités commerciales dans les domaines du tourisme, des paiements des services de gestion de l’écosystème et des infrastructures d’économie bleue.
Q. Comment votre stratégie crée-t-elle de la valeur pour les investisseurs ?

R. Cette stratégie est structurée comme un fonds de private equity orienté sur les entreprises de croissance. Nous investissons dans des entreprises dans les trois domaines clés présentés ci-dessus, ce qui améliore leur durabilité et leur efficacité. Par exemple, les entreprises de pêche artisanale dans les pays émergents ont souvent du mal à faire évoluer leurs processus de production. En réduisant le gaspillage entre le débarquement et la transformation, en améliorant les entrepôts, ou en renforçant les compétences en gestion, il est possible de transformer des entreprises non durables et non rentables. Les volumes de pêche peuvent être restaurés durablement et les profits augmenter.

Nous utilisons la technologie pour créer davantage de valeur, par exemple en insérant une micropuce dans les casiers de la chaîne d’approvisionnement pour les homards, de sorte que le restaurant qui achète le produit sache exactement où, quand et par qui le homard a été pêché. De cette façon, il devient un produit haut de gamme correspondant aux attentes des restaurateurs de luxe et de leurs clients. La demande de produits de la mer devant augmenter de 50 % d’ici à 2030, et le marché des produits de la mer durables ayant bénéficié d’une croissance à deux chiffres ces cinq dernières années, l’opportunité est importante et pourrait croître encore davantage.

Q. La durabilité des océans, c’est donc seulement une question d’amélioration des pratiques de pêche ?

R. La pêche est seulement un aspect d’une stratégie liée aux océans durable. Nos projets en cours de déploiement sont répartis sur un ensemble de pays émergents en Amérique latine, Asie, dans l’océan indien et en Afrique. Nos autres projets vont de la sauvegarde des espèces menacées à la conservation du littoral, en passant par le tourisme maritime et la gestion des déchets plastiques.

Un projet de conservation d’un récif corallien en République dominicaine est un exemple d’investissement qui n’est pas lié à la pêche. Les contraintes budgétaires du gouvernement et l’endettement de ce pays relativement pauvre font qu’il manque les financements et les compétences pour ce projet de conservation crucial. Mirova Natural Capital investira jusqu’à 3 millions de dollars pour créer une réserve marine gérée par un partenariat privé-public. La réserve générera des revenus en faisant payer un droit d’entrée aux touristes et des droits de plongée sur le récif corallien.

La réserve comptant 85 000 visiteurs par an, les entreprises locales et l’emploi devraient être préservés à long terme, le récif corallien sera protégé et les espèces clés des récifs coralliens devraient se reconstituer. De plus, les investisseurs devraient recevoir des performances semblables à celles dégagées par des investissements en private equity ou en infrastructures.

Q. Cette stratégie semble très innovante. Peut-elle vraiment fonctionner ?

R. Cette stratégie est peut-être unique. De nombreuses raisons nous laissent penser qu’elle aura un impact favorable sur le capital maritime et générera les performances attendues pour les investisseurs.

Tout d’abord, elle bénéficie d’appuis solides : elle a été lancée mi-2018 grâce à un investissement de la Banque Européenne d’Investissement, et les soutiens supplémentaires de la Société néerlandaise de financement du développement (FMO) et de la Banque Interaméricaine de Développement. De nombreux investisseurs privés participent également, notamment Axa Investment Managers, CapRock Wealth Advisors et The Packard Foundation.

Deuxièmement, la stratégie bénéficie d’une garantie de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), ce qui signifie que si un projet donné fait faillite, les investisseurs bénéficient de la garantie des États-Unis et la stratégie pourra récupérer jusqu’à 50 % du capital investi. Cela permet aussi d’accéder plus facilement aux projets de durabilité des ressources marines en cours de déploiement de l’USAID.

Troisièmement, Mirova gère depuis longtemps des projets de développement durable, notamment une stratégie terrestre similaire fondée sur la neutralité de la dégradation des sols. Nous pouvons donc appliquer les compétences et l’expérience que nous avons acquises grâce à nos stratégies d’investissement existantes à cette nouvelle stratégie.

Quatrièmement, celle-ci bénéficie d’une équipe mondiale, et d’une présence locale provenant quelquefois d’un partenariat avec des experts techniques sur le terrain. Cela nous permet de transférer des compétences structurelles et d’investissement à des opportunités sous-investies partout dans le monde en employant une philosophie d’investissement et une stratégie cohérentes. Pour résumer, nous pouvons nous appuyer sur ce que nous avons fait pour un projet et le déployer ailleurs dans le monde sur un ensemble de projets similaires.

Q. Les performances sont-elles comparables à celles des actifs traditionnels ?

R. Des résultats environnementaux positifs et les performances de marché attrayantes ne sont pas incompatibles. Nous recherchons des modèles et des opportunités qui génèrent des performances financières, mais aussi des bénéfices environnementaux quantifiés.

Notre objectif de TRI global est d’environ 15 %, composé de rendements plus importants pour certains projets et de marges plus faibles pour des projets présentant des défis opérationnels plus importants.

Q. Comment mesurez-vous l’impact favorable sur l’environnement marin ?

R. Nos objectifs d’impact clés comprennent :

  • le financement de la gestion durable de plus de 175 000 ha de zones marines ;
  • l’amélioration significative des réserves de plus de 20 zones de pêche et d’écosystèmes ;
  • la protection d’au moins 17 500 ha de mangroves de la déforestation et de la dégradation ;
  • la création ou la préservation de plus de 5 500 emplois dans des communautés côtières mal desservies ;
  • le soutien indirect de plus de 14 000 emplois dans les chaînes d’approvisionnement associées ;
  • la création et le soutien de plus de 15 entreprises, et leur maintien dans un état viable et avec un actionnariat local.
  • Nous disposons d’un cadre ESG formel qui nous permet d’examiner les effets de notre stratégie et de les présenter chaque année à nos investisseurs, par thème.
Q. Comment cette stratégie peut-elle s’inscrire dans le portefeuille des investisseurs ?

R. Cette stratégie est destinée à des investisseurs qui ont pris la décision d’investir dans des projets à mpact et dans le capital naturel. Leur mandat d’investissement le précise souvent. Comme la stratégie est structurée avec un cycle de vie de 8 à 10 ans, les investisseurs doivent avoir un horizon à long terme et une tolérance à l’illiquidité.

Cette stratégie est susceptible de s’inscrire dans le cadre de l’allocation aux instruments alternatifs ou de private equity, et est conçue pour produire des performances conformes à d’autres stratégies de private equity axées sur des entreprises en croissance. Bien que les family offices, les particuliers fortunés et les fondations aient été les premiers investisseurs, cette stratégie attire aussi l’attention de fonds de pension et d’assureurs.
Publié en novembre 2018

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