Certains marchés croissent à un rythme supérieur à celui de l’économie mondiale en raison de sources de croissance séculaire, à long terme.

POINTS CLÉS:

  • La gestion d’actions thématiques privilégie les marchés qui croissent à un rythme supérieur à celui de l’économie mondiale en raison de sources de croissance séculaire à long terme
  • Elle a pour objectif d’identifier des entreprises qui seront à l’avant-garde des thèmes de croissance à long terme - la Sécurité, l’Eau, l’Intelligence Artificielle (IA) & la Robotique - et qui devraient bénéficier des « forces primaires » qui transforment notre monde
  • Les investisseurs qui s'exposent aux actions mondiales par un biais thématique peuvent investir dans des sociétés affichant une croissance durable supérieure, sur une période plus longue que le marché en général, et capter en contrepartie une prime à inscrire leurs investissements dans la durée
Une urbanisation croissante. Une population active vieillissante et qui diminue. La nécessité de s’adapter au changement climatique. Ce ne sont là que quelques-uns des changements structurels que nous observons aujourd’hui et auxquels il nous faudra de plus en plus faire face demain.

L’investissement thématique se concentre sur les marchés dont la croissance est plus rapide que celle de l’économie mondiale grâce à des sources de croissance séculaire. Il s’agit de moteurs économiques qui demeurent constants dans le temps et qui ne s’appuient pas sur des tendances saisonnières ou cycliques. Il consiste à identifier les entreprises qui seront en première ligne des thèmes à long terme et celles qui seront les mieux placées pour tirer profit des « forces primaires », considérées comme les causes profondes de la transformation de notre monde : l’évolution démographique, l’innovation, la mondialisation et la rareté des ressources. Les principaux thèmes à long terme sont actuellement la Sécurité, l’Eau, l’Intelligence Artificielle (IA) & la Robotique.

Dans ces entretiens, Simon Gottelier, Karen Kharmandarian et Fréderic Dupraz de Thematics Asset Management, un affilié de Natixis Investment Managers, expliquent comment les actions thématiques représentent une opportunité attractive et différenciante d’investir dans l’innovation qui façonne l’avenir.

Comment travaillez-vous ensemble en tant que gérants de portefeuille au travers des différents thèmes ?

SIMON GOTTELIER : Arnaud Bisschop et moi-même gérons la stratégie Eau. Nous formons une équipe expérimentée, complète et bien établie. Il y a ensuite Karen Kharmandarian qui est notre CIO et qui co-gère la stratégie AI& Robotique avec notre expert numérique et technologique, Nolan, Hoffmeyer. Quant à Frédéric Dupraz, il co-dirige notre stratégie Sécurité avec Matthieu Rolin. Ainsi, nous avons actuellement six gestionnaires de portefeuille ciblés ainsi que Mohammed Amor, qui est le CEO de la société.

Nolan gère aussi actuellement notre stratégie Sécurité aux côtés du gérant principal, Fréderic Dupraz. Nous sommes donc actuellement cinq gérants spécialisés en plus de Mohammed Amor qui est responsable du développement et du service clients.

L’identification de thèmes pérennes, soutenus par des moteurs de croissance séculaires permettant la création des strategies actions thématiques, est le cœur de notre activité. Une strategie actions thématique se distingue d’une strategie actions sectoriel par son univers d’investissement diversifié et équilibré offrant une exposition à la fois à des entreprises sensibles à l’économie et à des entreprises défensives.

Arnaud et moi-même avons la réputation sur le marché de gérer des stratégies avec un profil plutôt défensif ou, comme nous aimons le définir, « qui permet de dormir la nuit ». Et nous pouvons recourir à de nombreuses possibilités défensives permettant de servir de « contrepoids » en cas de baisse des marchés. Mais, nous cherchons également à identifier et à exploiter des opportunités dans certaines des entreprises plus cycliques de notre chaîne de valeur afin de tirer parti de la hausse des marchés.

Qu’est-ce qui fait de l’IA & de la Robotique un thème d’investissement particulièrement intéressant ?

KAREN KHARMANDARIAN : Eh bien, tout d’abord, il s’agit d’un sujet attrayant et accessible qui fait partie de notre inconscient collectif. Nous avons tous lu des livres ou vu des films de science-fiction dans lesquels les robots dominaient le monde. Le thème et tout ce qu’il représente suscitent donc une forte curiosité.

En outre, il dispose d’un grand volume de données accessibles grâce au nombre sans cesse croissant d’appareils connectés et à la hausse exponentielle de la puissance de calcul si l’on se fie à la loi de Moore qui est nécessaire pour traiter ces ensembles de données. Les techniques d’IA, en particulier les systèmes de deep learning artificiels, peuvent ainsi extraire les connaissances contenues dans ces données.

Il faut ajouter que les coûts de ces technologies diminuent assez significativement. Et ces avancées technologiques, conjuguées à la diminution des coûts, sont décisives, particulièrement pour les applications d’utilisation générale exploitables par de nombreux secteurs d’activité.

Pour revenir à l’évolution du secteur, de plus en plus de technologies ont été intégrées aux différents appareils robotiques, comme notamment des capteurs, des systèmes de vision industrielle, des systèmes de compréhension ou de génération du langage naturel et des systèmes de conscience contextuelle.

Aux appareils mécatroniques simples utilisés pour effectuer des tâches très répétitives (souvent ennuyeuses, exigeantes, salissantes ou dangereuses) dans des ateliers de production en masse, ont soudainement succédé des robots plus petits, intelligents, sûrs et abordables. De plus, ils ont fait des progrès considérables en termes de polyvalence, d’adaptabilité, de flexibilité, de convivialité et de mobilité, leur permettant ainsi de devenir omniprésents.

Qu’est-ce qui pousse à investir dans la sécurité ?

FRÉDERIC DUPRAZ : La sécurité est un besoin humain fondamental. En psychologie et en théorie motivationnelle, la sécurité fait partie de la hiérarchie des besoins de Maslow. Cela recouvre des facteurs tels que la sécurité, la loi et l’ordre public.

Mais, honnêtement, je n’étais pas conscient de tout le potentiel d’un produit « sécurité » jusqu’à il y a une dizaine d’années. Ce n’est que depuis que nous assistons à des avancées technologiques rapides que je pense que cette thématique devient d’une importance vitale. Il suffit de voir comment nos activités quotidiennes sont sécurisées par des forces pratiquement invisibles, et ce, dans des domaines aussi variés que le tourisme, les achats en ligne, la production d’énergie ou les réseaux sociaux. Ces ressources intangibles sont la pierre angulaire de tout l’édifice de la sécurité humaine dans le monde d’aujourd’hui.

C’est pourquoi la sécurité est une priorité absolue pour les particuliers, les chefs d’entreprise, les dirigeants d’institutions financières et les chefs de gouvernement. Et je pense qu’elle va continuer de l’être sous l’effet de l’urbanisation, du renforcement de la surveillance réglementaire, de l’innovation et de la mondialisation. Aujourd’hui, les risques ne respectent aucune frontière et peuvent apparaître partout dans le monde en temps réel.

Prenons l’industrie automobile : le contenu lié à la sécurité dans une voiture moderne a plus que doublé ces dernières années et devrait encore doubler dans les années à venir grâce aux progrès des technologies de sécurité et d’assistance à la conduite. Et les offres de sécurité augmentent sur d’autres marchés verticaux.

Je m’intéresse principalement à la sécurité physique - le monde réel. Mais, j’étudie également la cybersécurité et les services de paiement. Il s’agit là d’un vaste univers couvrant le monde technologique, numérique et réel.

Quel est le principal avantage de l’eau en tant qu’opportunité thématique ?

SIMON GOTTELIER : L’une des principales raisons faisant de l’eau une opportunité d’investissement des plus intéressantes est qu’elle s’appuie sur les moteurs de croissance les plus séculaires. Ceux-ci, de par leur nature, se développent sur des périodes de cinquante à cent ans.

C’est autour de l’évolution démographique dans les économies émergentes que se dessine l’une de nos principales opportunités. En Chine, environ 350 millions de personnes devraient quitter les zones rurales pour gagner les zones urbaines au cours des 30 prochaines années. Cet exode exercera des pressions considérables sur les infrastructures existantes et obligera le gouvernement à investir dans de nouvelles infrastructures. D’un autre côté, aux États-Unis, on estime à environ mille milliards de dollars les dépenses nécessaires à la modernisation des infrastructures de l’eau.

Les opportunités dans le domaine de l’eau reposent pour l’essentiel sur des déséquilibres entre l’offre et la demande, de sorte que les gouvernements doivent consacrer un budget plus important à la surveillance de la qualité de l’eau - qu’il s’agisse des services d’eau potable ou d’eau industrielle. Or, il s’agit là de dépenses obligatoires qui sont très prévisibles. En outre, il existe une corrélation de 100 % entre la disponibilité de l’eau et la capacité d’un pays à accroître son PIB. Sans eau, il ne peut y avoir d’activité économique - quelle qu’elle soit.

De plus, les gouvernements comme le secteur privé sont en train de prendre conscience de la nécessité d’investir pour atténuer les effets du changement climatique. En observant les changements manifestes des tendances climatiques mondiales auxquels nous sommes confrontés, il apparaît sans équivoque que l’eau tombe là où elle ne tombait pas auparavant et que les sécheresses deviennent plus longues et plus sévères. Dans certaines régions, les précipitations sont tout simplement plus intenses que dans les décennies précédentes - les inondations dévastatrices causées par le récent cyclone au Mozambique, les récentes inondations au Nebraska et la sécheresse qui a frappé la Californie pendant cinq ans.

Il en résulte naturellement des pressions accrues sur les gouvernements, le secteur agricole et le secteur privé dont les investissements sont nécessaires pour atténuer les effets négatifs et parfois dévastateurs de l’évolution de ces tendances climatiques.

Il semble que le terme « thématique » ait remplacé « ESG » comme le mot à la mode en matière d’investissement pour 2019. Est-il difficile de se différencier dans un tel environnement concurrentiel ?

FRÉDERIC DUPRAZ : Tout d’abord, je pense que l’investissement thématique est assez facile à expliquer parce qu’il recouvre des choses que tout le monde connaît bien, des thèmes à long terme qui font déjà partie de notre vie. Les enjeux ESG sont également une façon de penser à long terme. Je sais que c’est une expression qui est quelque peu galvaudée, mais avec l’ESG, vous investissez dans des entreprises qui seront là sur le long terme, raison pour laquelle nous intégrons les facteurs ESG dans notre processus de manière sérieuse et réfléchie.

Pour nous, l’investissement thématique ne consiste pas uniquement à gérer des portefeuilles, il s’agit également de trouver de bonnes entreprises et de bonnes idées dans lesquelles investir. Selon moi, nous créons de la valeur parce que nous délaissons les entreprises qui bénéficient de concepts à court terme - ceux qui ne dureront pas dans le futur - au profit de celles qui bénéficient de sources de croissance à long terme.

Nous jouissons d’un argument de vente unique en son genre dans la mesure où, en tant qu’équipe, nous suivons ces thèmes depuis plus de 10 ans en moyenne. Nous connaissons l’industrie aussi bien que quiconque ; ainsi, nous savons comment investir dans cette sphère complexe. Nous connaissons parfaitement le paysage boursier et il existe un respect mutuel entre les membres de l’équipe d’investissement quant à leurs convictions et leurs connaissances.

Lorsqu'il s'agit d'investir dans des actions mondiales sous l' approche thématique, avez-vous des cibles d’investisseurs spécifiques en tête ?

KAREN KHARMANDARIAN : Au cours des dernières années, nous avons observé que les investisseurs institutionnels témoignaient d’un intérêt croissant pour les actions internationales via une approche thématique. À mon avis, cela provient du fait qu’ils trouvaient extrêmement difficile de comprendre exactement ce dans quoi ils investissaient, ainsi que l’exposition finale d’un fonds donné, par exemple en actions américaines. S’agissait-il de sociétés américaines intervenant principalement sur leur marché intérieur, ou de sociétés cotées aux États-Unis et exposées à des risques provenant de bien d’autres régions ? Les marchés finaux et la génération de revenus se sont tellement diversifiés qu’il devient très difficile de bien comprendre dans quoi l’on investit à partir d’une approche régionale.

Il en va de même pour un fonds sectoriel, par exemple, puisque ces classifications sont relativement arbitraires. Il n’y a pas si longtemps, Alphabet/Google faisait partie du secteur de la consommation cyclique, mais la société aurait pu tout autant figurer dans celui des technologies de l’information, de l’industrie ou des services de communication.

En conséquence, les investisseurs ont commencé à réaliser que s’il était difficile de comprendre la réalité de leurs investissements à partir des classifications traditionnelles, l’utilisation de la chaîne de valeur liée à un thème les aiderait à mieux comprendre les moteurs de ce thème et ce dans quoi ils investissent.

Il y a encore 5 ans, cette approche leur semblait surtout relever d’une stratégie de niche. Nous les avions rencontrés et ils nous confirmaient être convaincus par l’investissement thématique, sans pour autant réussir à nous positionner dans leur allocation de portefeuille. Ils ont alors commencé à établir des allocations satellites pour les stratégies thématiques qui, pour beaucoup d’entre eux, sont désormais devenues un élément coeur de leur portefeuille, voire parfois le plus important de leur exposition aux actions internationales.

Les compagnies d’assurance, elles aussi, sont clairement à la recherche d’une croissance à long terme et d’entreprises susceptibles de pouvoir offrir des performances attractives sur le long terme. Elles ont également cette volonté de protéger leur capital. En la matière, les approches thématiques offrent une certaine sécurité en leur conférant une exposition aux actions internationales bénéficiant de tendances structurellement porteuses. Du point de vue de la gestion actif/passif, l’horizon à long terme de nos investissements est très bien adapté à leurs engagements.

Les assureurs connaissent aussi très bien une forme particulière de risque à s’inscrire dans la durée que la gestion thématique vise à exploiter. Les entreprises dans lesquels nous investissons ont tendance à afficher d’excellents taux de croissance et de rentabilité plus longtemps que le marché ne le pense.

Le marché tend à anticiper trop hâtivement un retour à la moyenne en présumant que les forces du marché l’emporteront et en ne faisant pas suffisamment cas des tendances séculaires dont bénéficient leurs activités. Ils valorisent donc mal ces actions en raison de cet horizon court-termiste. Grâce à notre point de vue unique, nous nous efforçons d’exploiter cette prime d’inscription dans la durée.

Ces entretiens sont basés sur des entrevues avec chacun des gérants qui ont eu lieu entre avril et juin 2019.
Publié en octobre 2019

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