L'essor rapide des obligations vertes montre que les investisseurs saisissent l'occasion de relever le défi de la transition énergétique

Points clés:

  • Les émissions d’obligations vertes ont augmenté et atteint 34 milliards de dollars en 2016, permettant ainsi une plus grande diversification des portefeuilles d'obligations vertes. Il n’y a aucune raison aujourd'hui pour ne pas faire des obligations vertes une composante d’une stratégie de crédit cœur de portefeuille.
  • Le défi pour les investisseurs ESG consiste à sélectionner les bonnes obligations vertes. Seule une société de gestion dont le cœur d’activité est la gestion ESG, avec de larges ressources et une profonde connaissance du secteur des obligations vertes, peut aider à relever ce défi.
  • Chris Wigley, gérant chez Mirova, explique comment un portefeuille concentré d’obligations vertes peut créer de la valeur, après une judicieuse sélection de titres et une évaluation de leur valeur intrinsèque.
L’écologisation de la dette des entreprises commence doucement à changer la façon dont les entreprises lèvent et dépensent leurs capitaux. Les émissions d’obligations vertes s’accélèrent rapidement et les capitaux recueillis sont de plus en plus utilisés pour financer la transition énergétique, témoignant ainsi d’une évolution des mentalités et des objectifs des entreprises.

Les obligations vertes, qui sont destinées à financer des projets aux bénéfices environnementaux, ont le vent en poupe. Les émissions n’ont en effet cessé d’augmenter : 27 milliards de dollars en 2014, 31 milliards de dollars en 2015 et 34 milliards de dollars en 20161.

Cette forte hausse s’explique par le fait que les entreprises désireuses de financer des projets liés à l’environnement préfèrent émettre des obligations vertes plutôt que des obligations d’entreprises classiques dont les objectifs de financement ne sont pas précisés.

Qu’est-ce qui pousse les émetteurs à « passer au vert » ?

Emettre des obligations vertes représente un signal envoyé aux marchés et aux parties prenantes à propos de l’importance qu’ils attachent au développement durable. Emettre des obligations vertes permet également de diversifier la base d'investisseurs. Toutefois, la principale raison ces derniers temps a été la formidable opportunité vue par les entreprises de lever des capitaux à même de transformer des infrastructures énergétiques vétustes et inefficientes en d’autres plus énergétiquement efficaces et respectueuses de l’environnement.

De nombreuses grandes entreprises ont pris conscience que la transition énergétique allait constituer l’un des principaux défis auxquels elles allaient être confrontées à l’avenir. C’est pourquoi elles s’emploient aujourd’hui à le relever et à créer un avantage concurrentiel grâce à lui.

Prenons l’exemple d’Apple2, la première société au monde en termes de capitalisation boursière. Début 2016, elle a surpris de nombreux analystes en procédant à la plus grande émission d’obligations vertes (1,5 milliard de dollars) jamais réalisée par une entreprise. Apple peut-elle pour autant prétendre au statut d’ investissement ESG ? Les analystes ESG de Mirova ont étudié de près les caractéristiques de l’émission et ont conclu qu’elle constituait un vrai tournant pour le secteur des obligations vertes. Apple s’efforçait clairement d’entraîner une transition énergétique en investissant dans des sources d’énergie renouvelables et respectueuses de la durabilité des ressources hydriques en recherchant des matériaux plus durables pour ses produits et en recyclant les anciens appareils.

Nous avons bon espoir de voir d’autres entreprises bien connues aux États-Unis et dans d’autres pays chercher à réviser également leurs pratiques commerciales et à émettre des obligations vertes pour ce faire.

Une métamorphose des entreprises

Si le marché des obligations vertes a été dominé par les émissions quasi-souveraines, les obligations vertes émises par les entreprises se développent rapidement et représentent désormais la plus grande part du marché avec 40 % des émissions3.

De nombreuses grandes sociétés ont procédé à des émissions dans la plupart des principales devises en 2016. Dans l'ensemble, 45 % des émissions ont été libellées en dollar, 40 % en euro et 5 % en livre sterling4. Aux États-Unis, Southern Power, un groupe de services aux collectivités, a procédé à une émission de 0,9 milliard de dollars en novembre 2016, la septième de ce genre. La société s’emploie en effet à devenir un important fournisseur d’énergie renouvelable.

Les entreprises européennes sont plus tardivement entrées dans la danse, mais au cours de l’été 2016, le marché a été le témoin d’émissions d’obligations vertes de la part de sociétés de services aux collectivités et de banques néerlandaises, de banques françaises telles que Société Générale et BNP, ainsi que d’autres groupes de services aux collectivités européens. En Espagne, Iberdrola a émis sa troisième obligation verte et les énergies renouvelables comptent désormais pour 30 % dans sa production totale.

Cette priorité accordée à la transition énergétique est logique dans un monde des affaires en constante évolution et où l’incapacité à s’adapter aux nouveaux paradigmes peut conduire au déclin étonnamment rapide d’une entreprise. Si les obligations vertes ont eu tendance à être jusqu’à présent utilisées pour des projets liés à l’efficacité énergétique et aux transports, elles le sont toutefois de plus en plus dans le cadre de l’adaptation au changement climatique comme la gestion et la durabilité des ressources hydriques.

Elargissement et approfondissement des types d’obligations vertes

La croissance des émissions a permis une diversification des types d’émissions et un approfondissement du marché. A leurs débuts, les obligations vertes ont eu tendance à s’accompagner de maturités relativement courtes. Mais, à mesure qu’elles gagnent la confiance des investisseurs, leurs maturités s’allongent. La Banque Européenne d'Investissement a par exemple émis en septembre 2016 la plus longue émission de l’histoire des obligations vertes avec une maturité de 21 ans. Elle est ainsi encore un peu plus longue que celle de l’émission du groupe de services aux collectivités néerlandais TenneT qui avait procédé à l’émission d’une obligation de 20 ans à la mi-2016.

Les marchés émergents attrapent eux aussi le virus vert. Des banques chinoises ont émis des obligations libellées en yuan et en dollar. Dans le même temps, des émissions en Inde arrivent également au compte-gouttes sur le marché. Au Mexique, la Bourse a organisé une conférence sur les obligations vertes en mars 2016 qui a attiré un nombre étonnamment important d’investisseurs et d’entreprises. Au Brésil, le régulateur bancaire national a établi des directives pour les émissions d’obligations vertes par les entreprises.

Ce faisant, l’indice Barclays MSCI Green Bond compte désormais 140 titres, contre seulement 40 à son lancement à la fin de l’année 2014. La plupart des obligations ont un statut « investment grade » et les obligations notées A voient leur nombre augmenter. Pour un investisseur, cela signifie qu’il est aujourd’hui possible de bénéficier d’une plus grande diversification au sein des portefeuilles d’obligations vertes.

Comment sélectionner des obligations vertes

Comme dans tous les secteurs, il existe des titres intéressants et inintéressants. Toute la difficulté pour les investisseurs ESG est de sélectionner les bonnes obligations vertes. Mais, qu'entendons-nous par-là ? Quelques exemples : premièrement, tous les projets n’auront pas de réels bienfaits environnementaux. Ce n’est pas parce qu’une ferme éolienne produit de l’énergie renouvelable qu’elle n’aura nécessairement que des impacts positifs.

Deuxièmement, certaines obligations vertes manquent de transparence. Cela peut être compréhensible dans un secteur encore jeune, mais les investisseurs doivent avoir une parfaite visibilité sur leurs investissements.

Troisièmement, la gouvernance de certaines obligations vertes est meilleure dans certains cas que dans d’autres. Par exemple, il est vital pour l’intégrité du secteur que l’obligation verte ne soit pas utilisée à des fins générales de l’entreprise, mais uniquement pour le projet décrit dans le prospectus et par l’entité indiquée.

Ces points et une myriade d’autres ne peuvent être correctement abordés et traités que par un gérant de fonds dont l’activité première est la problématique ESG. Alors que les gérants de fonds traditionnels tendent à prendre en compte les critères ESG en dernier ressort, l’analyse qui en est faite d’emblée par Mirova est réalisée par son équipe ESG composée de 12 personnes. Mirova possède une connaissance approfondie du secteur des obligations vertes en particulier.

C'est essentiel afin de comprendre et d’interpréter les « Green Bond Principles » (GBP), par exemple, qui ont été mis à jour et élargis en juin 2016. En vertu des GBP révisés, l’édifice des obligations vertes possède quatre piliers destinés à guider les investisseurs :

  1. La description de l’utilisation des fonds ;
  2. Le processus d’évaluation et de sélection des projets ;
  3. La gestion du produit de l’émission ;
  4. Des rapports réguliers.
Si tous ces principes sont importants, l’expérience de Mirova dans ce secteur nous enseigne que les numéros 1 et 4 sont les plus critiques. C'est pourquoi nous les examinons en premier lieu avant de poursuivre et d’analyser d’autres variables écologiques et financières.

La valorisation est une composante essentielle du processus. A l’heure actuelle, et grâce à la croissance des volumes d’émission, il n’est pas si difficile de trouver des obligations vertes de qualité finançant des projets bien étudiés et avec une bonne gouvernance. Mais, toutes ne sont pas gages de valeur.

Nous sommes prêts à attendre de nouvelles émissions aux valorisations attractives ou à acheter des obligations sur le marché secondaire au bon moment. Certaines obligations sont revalorisées si l’émetteur devient plus rentable ou se montre plus adaptable au nouvel environnement énergétique. Nous ne cherchons pas nécessairement à investir dans les obligations des entreprises les plus durables au jour d’aujourd'hui, mais dans celles des sociétés à même d’améliorer leur profil ESG au cours des prochaines années.

Les avantages pour les investisseurs ?

La forte demande d’émissions obligataires vertes prouve l’attractivité de la classe d’actifs aux yeux des investisseurs. Ils en apprécient la transparence : en raison des contraintes imposées aux émetteurs d’obligations vertes, il existe en effet une bien plus grande précision et transparence sur l’utilisation des fonds levés.

Elément important, les rendements sont déterminés par la notation de crédit de l’émetteur. Aussi, pour un émetteur donné, les investisseurs bénéficient du même rendement que l’obligation soit verte ou non. Si de nombreux investisseurs dans les obligations vertes adoptent une approche « acheter et conserver » (« buy-and-hold »), Mirova essaie de surperformer le marché des obligations vertes sur trois ans. Pour ce faire, elle constitue des portefeuilles concentrés après une sélection de titres avisée et éclairée, de même qu’elle achète et vend les obligations sur la base de la valorisation plutôt que sur leur poids au sein de l’indice. En particulier, elle recherche des émissions susceptibles de faire l’objet d’une réévaluation à la hausse.

Des obligations vertes adaptées à tous les investisseurs ?

Les obligations vertes sont de plus en plus achetées par les investisseurs institutionnels qui ne sont pas uniquement attirés par le rapport d’impact, mais qui apprécient également de savoir précisément de quelle façon les capitaux sont utilisés par l’entreprise.

Si les obligations vertes ont pu à un moment être considérées par les institutionnels comme une stratégie satellite au sein de leurs portefeuilles, la récente croissance et la sophistication accrue du marché a permis de créer un univers qui ressemble globalement au marché obligataire au sens plus large.

De plus, à mesure que le secteur des obligations vertes se rapproche d’une taille critique, il a un impact positif sur les marchés du crédit traditionnels. Par exemple, une banque d’affaires a commencé à rendre compte de la façon dont elle utilise le produit de ses émissions obligataires, chose inhabituelle sur un marché de la dette des entreprises qui préfère utiliser les capitaux levés à des fins de portée plus générale.

Compte tenu de leur rapides croissance et influence sur le marché, il n’y a aucune raison aujourd'hui pour que les obligations vertes ne soient pas les instruments utilisés dans le cadre, ou comme composante, d’une stratégie de crédit cœur de portefeuille.

Un mouvement inscrit dans la durée

Les obligations vertes peuvent être vues comme s’inscrivant dans un mouvement plus large en faveur de l’investissement utile. Tant les obligations vertes que les obligations sociales, les prédécesseurs des obligations vertes, font partie de ce mouvement. Ce mouvement en faveur de l’investissement utile a toutes les chances de s’accélérer à mesure que les enfants de la génération Y deviennent des investisseurs de premier plan et qu’ils exigent des investissements en adéquation avec leurs valeurs.

Ces valeurs devraient bien se retrouver dans les trois principaux arguments en faveur des obligations vertes :

  • Les rendements sont identiques à ceux des obligations classiques comparables ; il n’y a donc aucun sacrifice en la matière.
  • Les investisseurs sont informés de la façon dont sont utilisés les capitaux levés grâce aux émissions obligataires et peuvent utiliser des mesures afin de voir concrètement l’impact ESG positif dont ils sont à l’origine.
  • Des rapports réguliers offrent aux investisseurs une meilleure visibilité sur leurs investissements que dans le cas des obligations traditionnelles.

1 Source : Natixis ‘SRI Green and Sustainable Bonds’ septembre 2016.

2 Les perspectives mentionnées reflètent l’opinion de Mirova à la date du présent document et sont susceptibles d’évoluer sans préavis .

3 Source: Bloomberg Barclays Global Green Bond Index

4 Source: Bloomberg Barclays Global Green Bond Index
 
Publié en janvier 2017

MIROVA
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